
Parfumerie indépendante, sincérité et liberté créative
1. Quelle est pour vous la place d'une jeune maison indépendante aujourd'hui, face à une parfumerie souvent dictée par les tendances et la visibilité sur les réseaux sociaux ?
La vraie force d'une maison indépendante réside dans sa liberté. La liberté de résister aux tendances, liberté de prendre le temps, liberté de rester fidèle à une vision. Nous n'aspirons pas à séduire tout le monde, mais à créer des œuvres sincères et intègres pour celles et ceux qui les reconnaîtront comme telles.
2. Comment définiriez-vous le terme de "parfumerie de niche" aujourd'hui, alors que ce mot tend à se galvauder ?
Le mot "niche" a effectivement perdu de sa force. Je préfère parler de parfumerie d'auteur. Pour moi, cela évoque une démarche personnelle, assumée et caractérisée, qui ne cherche pas à flatter le marché mais à explorer une esthétique par un refus du compromis.
3. Dans un monde où la rareté est souvent un argument marketing, comment abordez-vous la question de l'authenticité, de la sincérité et du rapport qualité/prix ?
Le prix d’une formule n’a jamais été le garant d’une quelconque qualité. Chez Parfums SUERO, la rareté n'est pas un artifice, mais la conséquence d'un choix : celui du geste artisanal, du temps long, du soin apporté à chaque détail. Nous produisons peu, mais avec exigence. L'authenticité consiste à dire la vérité sur notre travail et à rester fidèle à notre promesse.
4. Cherchez-vous à parler à une clientèle spécifique, ou écrivez-vous avant tout pour vous ?
J'écris d'abord pour moi, par nécessité. Mais chaque parfum, une fois créé, attend une rencontre. Il devient l'histoire de celui ou celle qui le porte. Nous ne ciblons pas un profil de consommateur, mais des sensibilités prêtes à accueillir une œuvre olfactive.
5. Quelle liberté une maison indépendante comme SUERO peut-elle revendiquer par rapport aux grandes marques ?
Celle de rester sincère. De dire non. De privilégier la qualité plutôt que la quantité. Nous ne répondons qu'à notre exigence artistique, jamais aux injonctions du marché.
6. Qu'aimeriez-vous que l'on retienne de Parfums SUERO dans dix ans ?
Que nous avons osé, que nous avons provoqué étonnement et curiosité, ouvert des portes sensibles. Que nous avons fait du parfum un dialogue intime, un geste artistique, et non un simple produit de consommation.