1. Comment décririez vous le style olfactif de vos compositions ? Y a-t-il un "fil rouge" qui traverse toutes vos créations ?

Mon style se définit par une quête de justesse et de sincérité. Chaque parfum est conçu comme une pièce unique, mais tous partagent cette volonté de provoquer une résonance intime. Le fil rouge est sans doute cette recherche de l'émotion vraie, cette tension entre force et fragilité. J'aime élaborer des accords sobres et solides où l'essentiel prime sur l'ornement.

2. Quelles matières premières vous obsèdent, et lesquelles vous résistent encore ?

Les résines, les bois et les roses m'accompagnent depuis toujours. Elles me ramènent à mes racines, à la mémoire des voyages et des exils. Certaines matières, notamment les notes vertes ou animales, continuent pourtant de me défier. Elles exigent patience, persévérance, et parfois un pas de côté pour enfin s'apprivoiser.

3. Quelles sont vos sources d'inspiration en dehors du parfum ?

Elles sont multiples : peinture, musique, photographie, littérature... ça peut être une personne qui me souffle une matière, une sensation, une vibration, une émotion, un souvenir… Mais aussi la lumière d'un paysage, le silence d'un lieu. Un parfum peut naître d'un détail invisible comme l’ atmosphère d’un lieu. Pour moi, créer c'est traduire une sensation qui, autrement, resterait muette.

4. Quels parfumeurs ou quelles créations historiques considérez-vous comme des jalons essentiels dans votre parcours ?

Je pense à Jacques Guerlain, Germaine Cellier, à Edmond Roudnitska, à quelques créations de Robert Piguet ou de Dior qui ont façonné mon imaginaire. Ces œuvres m'ont enseigné que le parfum peut être un manifeste artistique autant qu'un objet de séduction.

5. Quel parfum auriez-vous aimé avoir créé ?

Peut-être Bandit, pour sa force transgressive. Ou l’Eau Sauvage, pour sa justesse intemporelle. Ces jalons démontrent qu'un parfum peut bouleverser tout en s'inscrivant durablement dans la mémoire collective.

6. Votre travail cherche-t-il à exprimer une émotion personnelle ou à provoquer une émotion universelle ?

Les deux, toujours. Un parfum naît d'une émotion intime, mais ne prend sens que lorsqu'il rencontre l’intimité d’une autre peau, l’histoire d’un Autre. C'est ce dialogue secret et immatériel qui m'intéresse.